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LE RECEVEUR DE KINSHASA

LE RECEVEUR DE KINSHASA…

Face à l'incapacité de l'état à assurer le transport en commun des kinois, les particuliers ont pris le relais depuis belle lurette et rendent service bon gré mal gré aux habitants de cette mégapole qu'est devenue Kinshasa.
 
On note en général deux types de véhicules utilisés par les particuliers exploitants du secteur des transports en commun. Il s'agit soit des minibus ici appelés taxi-bus et des berlines de marque japonaise. Ces véhicules sont des véhicules voués à la fourrière en occident que des parents récupèrent plus ou moins honnêtement et envoient à ceux qui sont restés au pays pour leur survie. Leur état technique laisse à désirer généralement mais cela est une autre histoire dont nous parlerons le moment venu.
Concentrons-nous sur les taxi-bus pour faire le portrait d'un personnage incontournable du paysage des transports à Kinshasa : le receveur.Il était chargé de vendre les billets aux passagers. Mais le métier a évolué depuis environ un lustre. Pour faire des économies, il n'y a plus de tickets. Le receveur demande aux passager de mettre leur argent ensemble « banc par banc ». En fait il fait sous traiter son activité par l'un des passager qui est obligé de prendre l'argent de tous les passagers assis sur le même banc que lui.Il est aussi chargé d'annoncer les différents arrêts aux passagers tout le long du parcours. Contrairement aux bus, le taxi-bus ne s'arrête que lorsqu'il y a un passager qui descend ou s'il y a de la place vide pour prendre un passager à un arrêt.Les différents passagers y tiennent. 
Il n'est pas rare de voyager avec une vieille dame qui ne sait pas où descendre. Ceci augmente le niveau sonore dans ces taxi-bus : dans les pires de cas on a une radio qui diffuse des chansons religieuses à volume élevé, il y a un prédicateur venu d'une église de réveil et pour couronner le tout une discussion animée entre trois fonctionnaires impayés et un partisan affamé de Gizenga qui évidemment n'ont pas le même point de vue sur l'action de celui que Lunda Bululu appelle le Mathusalem de la vie politique nationale.Mais revenons à notre receveur et continuons à dresser son portrait. 
Il est généralement jeune voir très jeune. Il n'est pas rare d'en trouver qui soient âgées de seize à dix-sept ans. Il est généralement peu propre. Si les cheveux ne sont pas coupés courts, ils ne sont pas peignés. Il y a quelques temps ils étaient généralement accrochés aux portières. A présent ils sont obligés de s'asseoir dans l'habitacle avec les passagers. Malheur à celui qui est assis sur le même banc que le receveur. Il est obligé de faire subir à ses narines un traitement de faveur. Généralement le dernier bain remonte à quelques jours. On ressent la même odeur lorsqu'on est à côté des corps dits habillés. C'est la seule chose que les receveurs partagent en commun avec eux. Généralement ils les détestent. Les corps « habillés » ne payant pas le transport. Ils mettent régulièrement nos receveurs en colère. C'est leur droit semble-t-il.Le receveur est généralement habillé en jean à taille très basse laissant percevoir un sous-vêtement blanc d'origine sinon un pli interfessier noir de saleté. Sinon il a un survêtement aux couleurs flamboyantes des grandes équipes de football européens. Barcelone et Samuel Eto'o Fils ont souvent la côte. Le receveur est d'une familiarité excessivement navrante. Il faut lui parler le moins souvent possible. Il n'a pas d'éducation. Les mots « excuse », « s'il vous plait », « pardon » ou d'autres formules de civilité sont absents de son vocabulaire. Il n'a aucune marque de respect pour ses passagers.Le receveur est le personnage avec qui il vaut mieux ne pas se frotter surtout pas le matin avant de commencer sa journée. Face à lui, quels que soient nos fonctions, nos diplômes ou notre niveau social, nous ne vallons pas grand-chose du moment où nous venons prendre place à bord de son véhicule. 
Il faut se faire tout petit. C'est ça Kinshasa…



28/11/2007
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