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Kinshasa Bruxelles II: Le temps de la mort

Le Temps de la mort...

 

Aujourd'hui dimanche 23 novembre 2008. Il neige sur Bruxelles depuis hier. la température est très basse, négative parfois. Il est difficile de sortir en voiture. Noous avons dû annuler un dîner prévu avec M. Il ne fait pas beau de sortir. J'ai eu mon Frère au téléphone hier me disant qu'on levait le deuil de mon père. Il est mort le 12 novembre 2008.

Après l"épreuve de l'annonce de la douleur, il m'est venu à l'esprit une évidence somme toute banale. Le temps qui passera désormais nous arrachera l'un après l'autre les êtres chers et proches. Souvent on ne sera pas là pour leur rendre hommage. Je n'étais pas en mesure de le faire pour mon père. je suis resté à Bruxelles. Il n'a eu droit qu'à une messe célébrée en l'Eglise sainte Madeleine de Jette. Je ne pouvais faire plus. Il le sait. Ceux qui sont morts partent et nous laissent face à nos responsabilités. En faisant son deuil, on passe forcément par ce moment d'autoculpabilisation qui lui fait se demander si on n'a réellement fait tout ce qu'on devait faire pour celui là qui est mort.

Le questionnement personnel se transpose peu ou prou au niveau communautaire voire national. Hier un journaliste de Radio Okapi a été assassiné chez lui. Les autorités se posent(-ils?) la question de savoir si elles avaient fait tout ce qui était à leur pouvoir pour prevenir cette mort violente. Mort violente qui est le sort quotidien réservé à ceux de nos frères qui ont eu le malheur de naitre du même côté que le soleil, à l'est du pays. A eux, les marchands de mort apportent leur marchandise et l'appellent lutte pour la survie. On tue pour que son peuple survive dans cet espace trop grand pour n'appartenir qu'aux seuls congolais. Le temps de la mort s'installe en fait accompli. Qui ira reclamer une terre dont les originaires sont morts? Une terre "etrangiser" méthodiquement. La mort comme le fait accompli est implacable. Le travail de sape des marchands consiste donc à installer le temps de la mort. Il s'encre dans notre pays depuis plus de 10 ans.

Le temps de la mort devrait pousser à la réflexion sur ce que nous n'avons pas fait pour ceux qui sont partis. C'est la seule façon d'être digne de notre propre mort prochaine.

Magloire Mpembi Nkosi

 



23/11/2008
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