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"Je ne suis pas sorcier" de Pie Tshibanda; une fierté pour l'Afrique...

"Je ne suis pas sorcier" de Pie Tshibanda: une fierté pour l'Afrique... 

J'ai assisté le mercredi 18 février 2009 dernier au spectacle de Pie Tshibanda, ce griot des temps modernes, mien compatriote exilé en Belgique, victime malgré lui des aléas de l'Histoire selon Mobutu. En effet Pie Tshibanda avait eu le courage de filmer les tribulations des Baluba chassés par les Katangais sous l'instigation de Kiungu. Il raconte lieux que moi son histoire dans un livre intitulé "Un fou noirau pays des Blancs". Le geste de trop qui l'a poussé vers la Belgique où il exerce  aujour'd'hui son métier de sexologue.

Pie Tshibanda raconte l'Afrique. Sans se permettre de donner des léçons aux anciens maîtres, Pie par le biais de l'humour, montre aux Européens et aux Belges en particuliers qu'une autre façon de vivre est possiblea, un autre système de valeur est envisageable. Le spectateur honnête est obligé de remettre en question son eurocentrisme.

Les relations entre parents et enfants, entre mari et femmes, entre voisins, touts est passé au crible et tamisé avec humour et bonhommie. Il parle de sa foi de chrétien et des conséquences de la perte de celle ci par les jeunes Européens, tentant de se suicider à la moindre contrariété. A sa fille qui disait vouloir épouser un Belge son fils a répondu: "Pour combien de temps?", évoquant ainsi la brieveté des amours actuels en Occident. Un jeune homme amoureux s'adresse à la jeune fille en lui disant "Je voudrais faire un bout de chemin avec toi". Et Pie de dire qu'en Afrique on ne se marie pas pour un bout de chemin mais pour plus longtemps. Le mariage scellant l'alliance de toute la communauté est plus difficile à dissoudre que celui de l'Occident qui n'engage que deux personnes se foutant pas mal de ce que pourraient penser leurs parents. Ici la liberté est poussée à l'extrême.

Il est interdire d'interdire. A l'enseignante qui supplie son élève d'arrêter d'embrasser son boy frend afin de suivre le cours, celle ci répond: "On voit bien que tu es célibataire! Tu ne sais pas ce que c'est."

L'humour de Pie, maîtrisée à la perfection, maniée avec art, permet de faire entendre des choses, et permet un dialogue franc, atteigant dans une certaine mesure certains objectifs de Cheikh Anta Diop, l'autre Grand Homme qui lui a eu plus de mal à se faire entendre tant il auarait été virulant.

Pendant plus d'une heure et demie, Pie nous a tenue en haleine. On en a oublié le temps qui passait.

Le Griot, le magicien du verbe, nous a ensuite appris la sortie de son dernier ouvrage le jour même chez Luc Pire son Editeur belge (Voir http://www.tshibanda.be).

C'est comblé, satisfait et quelque peu nostalgique de cette Afrique loin de laquelle nous nous trouvons pour le moment que nous avons quitté un homme grand par son travail, la preuve que la Richesse ne se trouve toujours pas seulement enfouie sous terre... 

Magloire Mpembi Nkosi




21/02/2009
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