Chronikin

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UNIVERSITE PORNOGRAPHIQUE AU CONGO?

UPC:UNIVERSITE PORNOGRAPHIQUE AU CONGO ?

 

 

Kinshasa adore les rumeurs. Kinshasa baigne dans la rumeur. Pas étonnant que la station de radio la plus suivie par les Kinois soit celle qui ne diffuse que la rumeur : Radio Trottoir. Une radio dont l'adresse, les fréquences, ni les horaires de diffusion ne sont connus de personne mais qui demeure imbattable en termes d'audience.

Il y a quelques semaines, Radio Trottoir a annoncé qu'une étudiante de l'Université Protestante au Congo, UPC en sigle avait dû se réfugier à Brazzaville pour fuir l'opprobre qui s'abattait sur elle. La fille était connue pour le dédain qu'elle manifestait à l'égard de ses soupirants, de tout étudiant qui lui faisait la cour. Sûre d'elle-même et surtout de sa capacité à émouvoir plus d'un, la jeune étudiante répondait insolemment, n'hésitant pas à humilier le moindre courtisan.

Sa réputation sur le campus de l'UPC était faite et plus personne n'osait lui déclarer sa flamme jusqu'à ce qu'il y eut un Don Juan plus inspiré que les autres.

Elle s'offrit et très peu de temps après ils passèrent à l'acte. Seulement le garçon disposait d'un téléphone caméra. Il a filmé leurs ébats avec des dialogues très crus que la décence ne nous permet pas de rapporter ici. Il lui avait pourtant promis d'effacer juste après, ce qu'il ne fit pas! Quelques temps après, tous ses amis pouvaient suivre en différé le traitement infligé à celle qui ne respectait pas les hommes.  Le film a fait le tour des téléphones portables par blue toof. On l'a regardé et on en a profité pour faire la leçon aux jeunes filles. Il ne faut pas humilier les garçons qui vous font la cour. Voilà que l'une d'entre vous a subi un double traitement de faveur cela a fait les choux gras dans les debits de boisson.

Je n'ai pas vu ce film et ce que je dis ici m'a été rapporté par des sources dignes de foi. Tout de suite le caractère improbable de cette histoire a sauté aux yeux :

Certes notre société aujourd'hui brille par un haut degré d'immoralité entretenu par les musiciens tels Felix Wazekwa qui n'hésite pas à chanter Nancy By O un jeu de mot qui pour tout locuteur lingalaphone rappelle Nasiba yo i.e Que je te baise ; certes l'UPC est fréquenté par les enfants de bonne famille qui disposent tous de téléphones ultra sophistiqués et qui s'estiment désargentés quand ils n'ont que 80 dollars dans leurs porte-monnaie ; certes qu'à l'Université permet à beaucoup de découvrir la science mais aussi l'amour dans toutes ses acceptions y compris physiques, mais de là à imaginer qu'un garçon de Kinshasa filme ses ébats et les diffuse de cette façon, je crois sincèrement qu'on n'y est pas encore. C'est le côté subjectif de mon argumentaire qui n'est pas que cela rassurez-vous.

D'un point de vue objectif, personne n'a été capable de rapporter les noms des protagonistes du film  ni leurs classes respectives. Ceux de l'UPC qui ont vu le film n'ont pas été en mesure de reconnaître les deux acteurs au sens de ceux qui font l'action. Ni le visage de la fille, ni celui du garçon ne sont d'ailleurs reconnaissables semble-t-il.  C'est le propre de la rumeur que de diffuser une information sans aucune précision.

D'où serait donc venu ce film ?

Mon hypothèse est qu'un plaisantin, féru de nouvelles technologies, a plaqué des dialogues en Lingala sur un film porno américain en libre circulation sur Internet.

Il est possible que je me trompe.

Mais il est clair que de plus en plus l'intimité s'expose et il est désagréable d'avoir l'impression que tout devient pornographique, sexy. Ce qui devait se faire dans l'intimité se fait sur la voie publique. On ressemble aux chiens à présents. C'est peut-être cela le nouveau visage du cynisme.

 

Magloire Mpembi Nkosi



26/03/2008
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