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Le Raïs et son Parti

 

 

 

 

Le Raïs et son Parti


 

 

 

 

 

Ce dimanche 11 septembre 2011, date symbolique s’il en est, Joseph Kabila Kabange a déposé auprès de la Commission électorale nationale indépendante sa candidature à sa propre succession pour les élections présidentielles à venir[1]. Les médias ont précisé que JKK se présentait en tant qu’ « indépendant », comme en 2006 lors des dernières présidentielles pluralistes. Un grand moment certainement qui lui a valu d’être comparé à Jules César, c’est tout dire[2]. Une question vient tout de suite à l’esprit : pourquoi l’autorité morale d’un grand parti politique, le Parti du Peuple pour la reconstruction et la Démocratie, le PPRD, se présente-t-il en indépendant à une échéance aussi cruciale ?

 

 


C’est Emile Bongeli qui tente une explication : « Comme en 2006, le chef de l'Etat va se présenter comme un candidat du peuple congolais, donc en candidat indépendant »[3].Ils seraient donc à trois à être des « candidats du peuple congolais » : en plus de JKK, Adam Bombole et Bernadette Nkoy Mafuta se présentent également sans aucune étiquette de parti.

Pourtant, lors de son dernier congrès tenu au Stade des Martyrs de Kinshasa, le PPRD avait spectaculairement désigné JKK comme son candidat à ses échéances. Ce dernier avait brillé par son absence. En 2006, le PPRD avait également vu son champion se départir de son soutien. L’attitude de JKK demeure donc constante. Il ne semble pas vouloir s’appuyer sur ce parti qui pourtant se réclame de lui. Alors que les manifestations politiques étaient interdites à Kinshasa sur ordre du Gouverneur Kimbuta, une foule des partisans a accompagné JKK à la CENI[4]. Bien évidemment, il ne s’agissait pas d’un rassemblement politique. D’ailleurs Joseph Kabila n’a fait aucune déclaration à l’issue de la journée, de peur de voir ses propos déformés en ce moment capital[5].

La relation entre le PPRD et le Raïs est pour le moins asymétrique : si les cadres et les militants du parti ne jurent que par lui, le Président ne semble pas prêt à leur faire confiance. Il y a quelques années, JKK disait ne pas avoir autour de lui quinze personnes pour l’aider à relever le Congo, il n’en avait que cinq, six ou sept[6]. Pour déposer sa candidature, JKK était accompagné de Mme Marie-Olive Lembe Kabila, de sa première fille Sifa Kabila, de son dernier-né, le petit Laurent-Désiré Kabila Junior et de sa sœur jumelle Mme Jaynet Kabila, présidente de la Fondation M’Zee Laurent-Désiré Kabila. Feraient-ils partie de ces cinq ou sept personnes capables de relever le défi du développement du grand Congo ? Seul le Raïs peut répondre à cette question.

En attendant, le PPRD peut continuer à pavaner derrière un chef qui, le moins que l’on puisse dire ne semble pas si fier de lui. Apparemment, JKK serait toujours à la recherche de quinze personnes pour développer le pays, il n’a pas l’air de les trouver au sein du parti dont il est l’Autorité morale.

 

Magloire Mpembi Nkosi



[1] Daniel Nzuzi, « Alea iacta est ! », le sort en est jeté : Joseph Kabila à l’assaut du dernier mandat lui autorisé par la Constitution !, http://www.digitalcongo.net/article/78240

[2] Daniel Nzuzi, art.cit.

[4]Daniel Nzuzi, art. cit.

[5] Daniel Nzuzi, art.cit.



12/09/2011
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