Chronikin

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Francophonie bla bla bla


Francophonie bla bla bla...
Le spectacle auquel on a eu droit lors du XIVe sommet de la Francophonie tenue à Kinshasa du est révélateur et symptomatique de la nature malsaine des relations qui lient les dirigeants africains et les anciens occupants.
Que François Hollande se préoccupe de la situation peu reluisante des droits de l'homme au Congo Kinshasa est tout à son honneur. Qu'il défende l'intégrité des frontières de la RD Congo dans ses déclarations ne peut que réjouir les Congolais soucieux du sombre avenir de leur pays dont les richesses attirent autant de convoitises, Mais ces prises de position aussi louables soient-elles lui donnent-ils le droit d'afficher un tel mépris pour son « homologue d'hôte » ?
Quelques jours avant son arrivée à Kinshasa, François Hollande a au cours d'une conférence de presse commune avec le Secrétaire Général des nations Unies, Ban Ki Moon déclaré que ce qui se passait en RD Congo était inacceptable. Il annonçait ainsi les couleurs de ce qu'allait être sa visite à Kinshasa. Cette sortie de François Hollande n'a pas été très appréciée par le pouvoir de Kinshasa. Une fois sur place, François Hollande a multiplié des paroles et des actes qui montraient à ceux qui en doutaient que le Président français ne portait pas son homologue en haute estime. Entre l'arrivée en retard1, le refus de citer son hôte au cours de son discours solennel, le refus de lui parler en public, de ce sommet, on gardera l'image d'une humiliation pour Joseph Kabila, le président de la République démocratique du Congo. Ce reportage de la télévision française que l'on peut voir ici, est un résumé assez fidèle de ce qu'aura été ce passage éclair de François Hollande à Kinshasa.


Si ce dernier a fait le buzz, il faut quand même noter que les autres délégations n'ont pas été non plus « élégants » avec Joseph Kabila Kabange. Les premiers ministres canadiens et québécois ont refusé de tête à tête avec le président congolais, préférant passer du temps chez Etienne Tshisekedi comme plusieurs autres chefs d'état africains (dont Sassou Ngwesso du Congo Brazza) l'opposant obligé de rester en prison chez lui à Limete.
Mais le principal intérêt des pantalonnades de François Hollande réside dans le fait qu'elles ont été un bon révélateur des rapports dissymétriques entre les Africains et les anciens colonisateurs. Au fond, on a assisté à une sorte d'assomption d'un état de dépendance intellectuelle, philosophique et politique de l'élite africaine.
Pendant les semaines précédant le sommet, les opposants congolais tant de l'intérieur du pays que de l'extérieur (Les Combattants) ont donné de la voix pour réclamer le report du sommet de la francophonie, perçu comme une légitimation d'un pouvoir dont la légitimité, au vu du déroulement des dernières élections présidentielles et législatives, pose problème. Les autorités congolaises ont répondu par une contre-offensive diplomatique faisant de la tenue de ce sommet une enjeu national. La décision de François Hollande de se rendre à Kinshasa a été perçue par les uns comme une victoire sur l'opposition et par les autres comme une énième trahison de la patrie des droits de l'homme, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Le 13 octobre dernier, alors que le sommet se déroulait encore à Kinshasa, les Combattants ont marché dans les rues de Paris pour manifestation ultime de leur opposition à la tenue de ce sommet de la francophonie au cri de « Kabila dégage », les enjeux au Congo se mélangeant allègrement.
Kinshasa a fait des pieds et des mains pour avoir son sommet, les enfants de la rue, les clochards, les fous et autres sans-abri ont été chassés de la vue des visiteurs de marque. Kinshasa a eu son sommet mais le gâteau a finalement un goût amer. Pourquoi s'être donné autant de mal pour se faire humilier de la sorte ?
Au vu de ce qui précède, on se rend bien compte que pour nos leaders politiques, la reconnaissance « sonne toujours blanche » comme aimait si bien le rappeler Cheikh Anta Diop. 



Le plus important reste ce que le pense « Maître » plutôt que ce que le pense peuple. Être reconnu par l’Étranger est plus important qu'être reconnu par son propre peuple. Maître Hollande à Kinshasa a fait plaisir à certains.
 Pour combien de temps ?
Magloire Mpembi Nkosi


1Le président congolais serait-elle coutumier du fait ? En 2010, lors de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance du Congo, Paul Kagame, le président du rwanda s'était fait attendre le jour du défilé solennel.


16/10/2012
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