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Considérations éparses Autour de la mort de Katumba Mwanke

Considérations  éparses  Autour de la mort de Katumba Mwanke

 

Le 12 février 2012, Augustin Katumba Mwanke, l’homme qui murmurait à l’oreille du Président Joseph Kabila est décédé dans un accident d’avion survenu lors de l’atterrissage de l’avion privé  qui  le transportait  à Bukavu. Les deux pilotes sont également décédés sur le coup. L’avion a également fauché deux paysans, ce qui porte le bilan à 5 morts. Aux illustres disparus, nous souhaitons que la terre de nos ancêtres leur soit douce et légère. Cependant, la disparition tragique de l’honorable Katumba Mwanke suscite quelques considérations dont la subjectivité est pleinement assumée.

L’homme le plus puissant

 

A l’atterrissage de l’avion selon l’un des survivants, Katumba Mwanke aurait détaché sa ceinture avant l’arrêt complet de l’appareil. Il aurait été protégé la tête la première vers l’avant de l’appareil. En matière de navigation aérienne, les règles élémentaires de sécurité voudraient que l’on ne détache sa ceinture qu’à l’arrêt complet de l’appareil. C’est ce qui est répété tous les jours avant le décollage et à l’atterrissage. Katumba Mwanke n’aurait pas respecté la règle. Il était parmi les passagers de ce vol fatal le plus puissant en termes d’influence. Le proche conseiller du Chef de l’état devait probablement se sentir chez lui partout dans le pays, maître de son destin même à bord d’un avion non encore immobilisé. Il serait mort parce qu’il n’aurait pas respecté une règle simple : attacher la ceinture. La mort de Katumba Mwanke serait en fin de compte une magnifique signature de la fragilité de sa toute puissance…

 


L’incurie des (vuvu)zélateurs des cinq chantiers ?

 

Le mandat de Joseph Kabila, Président de la RDC, qui vient de s’achever dans la douleur, était basé sur les « cinq chantiers »[1], programme de campagne accordant une large place à l’infrastructure. Durant ce mandat, plusieurs personnes se sont enrichies. Villas et buildings ont été construits par la nouvelle bourgeoisie post-mobutu. Les membres de cette nouvelle classe sociale privilégiée disposent à présent des avions privés pour leurs déplacements d’affaire. Tous les jours ils chantent le louange du travail abattu par le gouvernement. Mais alors qu’ils accumulaient des biens pour eux-mêmes ils ont oublié, ne fut ce que par égoïsme, d’équiper les aéroports des balises d’approche…Le fait qu’un avion privé transportant des responsables politiques d’une telle envergure s’écrase à l’atterrissage est très inquiétant. Ce ne sont pas les paysans qui prennent l’avion en RDC, c’est trop cher. Ce sont les membres de cette bourgeoisie au pouvoir qui ont intérêt à sécuriser les pistes pour eux-mêmes !!!

On a sablé le champagne…

 

A l’annonce du décès de Katumba Mwanke, certaines personnes n’ont pas manqué de manifester leur joie de manière bruyante notamment à Kinshasa notamment. Voilà qui a de quoi inquiéter. En règle générale, quelles que soient les récriminations que l’on aurait à l’endroit d’une personne, on enterre la hache de guerre à l’annonce de son décès. On n’accable pas les morts, on les respecte. Ce fait, aussi anecdotique soit-il, est soit le symptôme d’une société en pertes de repères et des valeurs, soit la manifestation d’une exaspération acutisée par l’organisation chaotique des dernières élections présidentielles et législatives. Sabler le champagne à l’annonce d’un décès est un fait en lui-même suffisamment grave pour nous obliger à réfléchir sur l’évolution de notre société.

Deux paysans sont morts…

 

Deux paysans sont morts dans l’accident d’un avion à bord duquel ils n’étaient pas montés, à bord duquel ils ne seraient jamais montés. De ces deux paysans rien n’a été dit. Avaient-ils des enfants ? Probablement. Leur verserait-on une indemnité ? Probablement pas. Quel était leur sexe ? On ne nous l’a pas dit. Quel âge avaient-ils ? Etaient-ce des jeunes, des vieux ? Leur état ne permettait peut-être pas de le savoir. Quantité négligeable par rapport aux occupants de l’avion, la mort accidentelle de ces paysans n’a intéressé et n’intéresse personne. Leur basse extraction les a mis à l’abri des oraisons funèbres. Mourir d’un accident d’avion alors que l’on n’y a jamais mis les pieds est le dernier cadeau que notre société a offert à ces paysans, eux qui contrairement aux autres travaillent réellement pour de vrai…

Epilogue

 

Une page est tournée. On souhaite prompte guérison aux survivants et un doux repos éternel aux disparus. En espérant que les leçons de cet accident auront été tirées.



[1] Le site web http://www.cinqchantiers-rdc.com/ qui en faisait la promotion a été fermé en toute discretion apparemment.



28/02/2012
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