Chronikin

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Maîtresse

Maîtresse

 

Le roman de Valérie Martin intitulé "Maîtresse" plonge le lecteur dans le quotidien de l'esclavage, au jour le jour. On entend le bruit des fouets qui claquent, les aboiement des chiens à la poursuite des fugitifs et les cris des douleurs des révoltés punis pour l'exemple.

 


Le titre du livre est plurivoque et désigne à la fois la "maîtresse" propriétaire des esclaves et l'esclave devenue objet sexuel du "maître" qui lui fait des enfants pour le malheur de son épouse légitime avec qui il n'entretient plus de contact charnel. Cette ambiguïté probablement voulue par l'auteur ne doit cependant pas donner l'illusion d'une symétrie des souffrances des deux femmes.

Le livre raconte aussi toutes ces révoltes occultées et rappelle comme s'il le fallait que l'esclavage n'a jamais été naturel pour les Noirs. Il sont toujours refusé cet état. On pourra d'ailleurs lire à ce propos Alain Anselin avec beaucoup d'intérêt.

La dernière scène du livre (page 250), résume assez bien l'ignominie du système d'oppression qui a réduit des millions d'humains en biens-meubles, donnant naissance au capitalisme marchand.

 

Elle a pris la parole:"Là-haut dans le Nord, on vous invite à la salle à manger, et on vous fait asseoir à table. Et puis on vous offre une tasse de thé et on vous demande: 'Vous voulez manger de la crème et du sucre?'"

J'en suis restée stupéfaite. Jamais je ne l'avais entendue tenir un aussi long discours. Mon oncle avait raison. Elle avait changé: elle était devenue folle. J'ai avalé une gorgée de café. "Et cela t'a plus?

- Oui, a-t-elle répondu en levant les yeux et en les plongeant froidement dans les miens. Ca m'a plu."

Alors j'ai eu cette vision de Sarah: habillée de vêtements d'emprunt, elle était assise toute raide devant une table de bois nu pendant qu'une Yankee pâle aux cheveux plats tirés en petit chignon lui servait le thé dans une tasse en porcelaine. L'honnête homme de mari  allait chercher un coussin pour que leur invitée soit mieux installée. Cette scène m'a paru totalement ridicule. Où avaient-ils donc la tête?

 

Valérie Martin. Maîtresse. Le livre de poche. Albin Michel.Paris.2007.

Magloire Mpembi



27/12/2013
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