Chronikin

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Renaissance Africaine

 

Renaissance Africaine

Appel à la jeunesse pour une Afrique unie…


Décoloniser l'esprit de Ngugi wa Thiong'o

Décoloniser l'esprit de Ngugi wa Thiong'o

(Ngugi wa Thiong'o, Décoloniser l'esprit, Editions la Fabrique, Paris, 2011, traduit par Sylvain Prudhomme)

 

Alors que les politiques congolais se réunissent à Bruxelles pour penser leur avenir, il n'est pas inintéressant de revenir sur cette opuscule de Ngungi wa Thiongo qui traite de la question de la langue dans laquelle devraient s'exprimer les auteurs africains s'ils veulent réellement construire un corpus littéraire africain. 

Pour l'auteur, les Africains devraient écrire dans leurs langues maternelle. Ainsi ils marqueront leur indépendance vis-à-vis des anciens maîtres mais en plus ils seronts lus, écout.s et compris par les masses paysannes qui forment la majorité de notre peuple. 

 


Extraits

P 19.

On ne peut pas s'interroger sur la littérature africaine et la langue dans laquelle elle est écrite sans réfléchir aux enjeux politiques d'une telle question. D'un côté, il y a l'impérialisme, sous ses formes coloniale et néocoloniales (...) Et puis en face il y a le combat des Africains pour affranchir leur leur économie, leur politique et leur culture de la mainmise euroaméricaine et ouvrir une nouvelle ère où souveraineté et autodéternination ne soient plus de vains mots. 

 

P 41.

Mais le pire était l'image que les langues imposées à l'enfant lui renvoyaient de son propre monde. Il n'apprenait pas seulement à associer la langue de son peuple à l'infériorité sociale, à l'humiliation, aux châtiments corporels, à des formes d'intelligence et d'inaptitudes,à des formes d'intelligence et d'aptitudes foulées aux pieds, voire purement et simplement à la bêtise, l'incohérence et la barbarie; tout cela s'étayait de théories qu'il rencontrait dans les oeuvres de grandes figures du racisme comme Rider Hagard ou Nicholas Monsarrat, sans parler des jugements à l'emporte-pièce qu'il trouvait chez certains monuments de la culture et du panthéon philosophique occidental comme Hume ('' Les Noirs sont inférieurs aux Blancs quant aux dons du corps et de l'esprit'') ou en core Hegel, pour qui l'Afrique est pareille à une terre restée en enfance et encore enveloppée, du point de vue de développement de la conscience historique, des ténèbres excluant que rien de profitable à l'humanité ait la moindre chance d'y être jamais découvert.

 

P42

 

Dans son autobiographie Cette vie, Sydney Poitier a décrit la façon dont il en étai venu, à force de lectures, à associer l'Afrique aux serpents.

 

P43

 

Il (Léopold Sédar Senghor) se fait presque lyrique dans sa soumission à sa langue d'adoption: ''Si nous nous sentons nègres, nous nous exprimons en français, parce que le français est une langue à vocation universelle(...). Je sais ses ressources pour l'avoir goûté, mĉhé, enseigné, et qu'il est la langue des dieux. (...) Chez nous, les mots sont naturellement nimbés d'un halo de sève et de sang; les mots du français rayonnent de mille feux, comme des diamants. des fusées qui éclairent notre nuit.''

 

P117

 

Le papier et le stylo furent le premier problème. Il était possible d'obtenir un stylo pour rédiger un appel ou des aveux. Il était même possible d'obtenir deux ou trois feuilles de papier. Mais de quoi écrire un roman? Je me servis du papier toilette. Chaque fois que je raconte cela, les gens rient ou me regardent de travers. Mais il n'y avait rien de bizarre à cela. Le papier toilette à Kamiti était fait pour punir les détenus. Il était dur. Et ce qui était mauvais pour le corps était bon pour le stylo.

 

 


24/06/2016
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